Une septième journée de mobilisation contre le pass sanitaire est organisée samedi 28 août au travers de 200 manifestations dans plusieurs villes de France. Globalement selon Santé Publique France, la répartition de la mobilisation des manifestants correspond à la carte des taux de vaccination.
En observant quelques données, on s’aperçoit qu’il existe des disparités entre le Nord et le Sud, avec dans le Sud-Est de la France une plus grande contestation à la vaccination et au pass sanitaire.
Une fracture géographique
Le weekend dernier, dans les rues de Toulon, certains gilets jaunes étaient dans les rangs des manifestants. Ces derniers estiment que l’hostilité au pass sanitaire rejoint leur combat contre le gouvernement. “Beaucoup de gens voient notre drapeau et disent : ‘On aurait dû venir avant’. Les gens s’en rendent compte maintenant parce que ça devient de plus en plus lourd”, témoigne une manifestante.
Tandis que le taux de vaccination est de 69,4% en Provence-Alpes-Côte d’Azur et de 68% en Corse, il est de 78,1% en Bretagne, et de 77,5% en Normandie. Pour Emmanuel Vigneron, agrégé de géographie et enseignant à l’université de Montpellier, les causes de ces disparités sont multifactorielles. “Des facteurs socio-économiques liés au chômage, à la pauvreté de nombreuses personnes s’ajoutent à un ressentiment politique qui se traduit dans les urnes, analyse-t-il tout en précisant qu’il ne s’agit pas d’explicatons définitives mais d’hypothèses pour expliquer ce phénomène. “Pour d’autres, cela s’ajoute à une vision du monde en désaccord avec les valeurs dominantes, les valeurs du capitalisme qui sont rejetées par beaucoup notamment dans les arrières-pays du sud de la France.”
“Un problème de société”
Pour Emmanuel Vigneron, s’ajoute aussi l’éloignement des centres de décision situés à Paris. Ce sentiment s’amplifie avec la désaffection des services publics sur ces territoires. Le docteur Pierre-Michel Cohade, généraliste à Toulon, le constate parmi ses patients : une minorité refuse le vaccin, même lorsqu’il fait preuve de pédagogie.
“Quelques uns d’entre eux n’adhèrent pas pour différentes raisons : des problèmes de société, personnels, des craintes, un manque de recul, un manque de réflexion, on a écouté les amis, la voisine ou la boulangère”, explique le médecin pour qui “tout cela est un problème de société”. Le docteur Cohade ne compte pas baisser les bras pour autant, et va continuer à tenter de convaincre les réfractaires. / france info / estrepublicain